Dans le courant du XIXe siècle, les villages de France vont s’enrichir de milliers d’autres châteaux, construits et habités épisodiquement par la nouvelle noblesse des villes, celle de l’industrie et de la banque.
Dès 1880, Coye-la-Forêt est devenu un lieu de résidence recherché, du fait de l’environnement forestier, des chasses à courre, de la proximité de Chantilly et surtout de Paris, depuis l’ouverture de la ligne de chemin de fer, en 1859.
Deux châteaux ont été construits dans le domaine actuel de la Ville de Paris. Le château des Tilles (le plus proche de Coye) est la propriété de Monsieur Krafft ; l’autre château, l’Hermitage, est occupé par Monsieur Paul Decauville, industriel français (1846-1922), constructeur de matériel pour chemin de fer à voie étroite, puis de voitures automobiles.
Ce sont de grandes bâtisses de 15 à 20 pièces, avec les combles aménagés pour les domestiques et de nombreux communs pour chevaux, chiens, voitures et gardiens. Le château des Tilles, construit en 1897, est l’imitation d’une grande villa normande, le château de l’Hermitage est construit en 1900, se veut la réplique d’un château du Kent.
À signaler, près du château des Tilles, le remarquable manège fermé, dont le style rappelle, en plus petit, le hall de la gare de Lyon.
Les nouveaux châtelains appartiennent à la catégorie des grands bourgeois. Leur train de vie est important. En 1901, il y a 13 domestiques aux Tilles (cuisinière, gouvernante, concierge, cocher, palefreniers, valets de chambre, jardiniers, gardes) ; à l’Hermitage, on en compte 11.
Monsieur Decauville, qui a fait construire un pigeonnier, procède deux fois par mois à des lâchés de pigeons (il y en a parfois 200) et invite à cette occasion des amis et quelques Coyens.
Les petites filles qui allaient le 1er janvier souhaiter la bonne année à Mme de Neuflize recevaient parfois une piécette en or. Une Coyenne se souvient d’en avoir bénéficié.
Les nouveaux châtelains ne vont pas rester longtemps à l’écart de la vie municipale. Le baron de Neuflize, arrivé à Coye en 1909, avec son neveu Mirabaud, place les jeunes dans la banque, dans les assurances. Son pouvoir est grand, il siège dans des conseils d’administration et un certain nombre de notables coyens le courtisent, car ils pensent qu’il peut être utile à la commune. Il sera sollicité pour les élections municipales de 1912 et élu avec son neveu qui, sans coup férir, deviendra maire, par 9 voix contre 7 à l’ancien maire, Arthur Vaast.
Coye investie par la banque protestante ? Seulement pour quelques années, car le nouveau maire, mobilisé dès le début de la guerre, sera blessé et fait prisonnier. Il mourra en captivité en 1916.
Quelques années plus tard, le baron de Neuflize rachètera les propriétés des Tilles et de l’Hermitage et fera construire pour son fils un troisième château, Forest-Lodge, dans le style de la Maison Blanche.
Le recensement de 1911 fait ressortir l’effectif de la domesticité : les Tilles (14), l’Hermitage (16), Forest-Lodge (13).
Le baron de Neuflize, qui fut régent de la Banque de France, appartient à la grande banque d’affaires protestante, fondée par des familles suisses ayant émigrées en France et naturalisées (Hottinguer, Mallet, Mirabaud, Vernes). Elle a joué un très grand rôle dans le courant du XIXème siècle, avec la banque juive (Lazard, Heine, et Rothschild qui possède des propriétés à Gouvieux et Laversine).
Le neveu du baron, Jacques Mirabaud, qui habite à l’Hermitage, est lui-même banquier. La banque protestante est aussi une affaire de famille.
Les châtelains ont de nombreux chevaux et chiens avec équipage de chasse à courre. Ils ne vivent pas en permanence à Coye, mais y viennent souvent, pour les chasses, les courses, les fêtes qu’ils organisent.
Cette disparition marque la fin de la période fastueuse des châteaux. Les héritiers délaisseront peu à peu les trois châteaux situés trop près de Paris. Après sa mort, les châteaux des Tilles et de l’Hermitage furent cédés en 1943 à une société suédoise de bienfaisance.
La ligne Paris/Chantilly/Creil a été ouverte en 1859, après la construction du viaduc de la Reine Blanche, qui a pris trois ans. C’est l’œuvre de l’ingénieur Pinel, qui construisit le joli pont Pinel, qui franchit la Thève avant l’étang du Chardonneret.
En 1899, on décompte 118 véhicules à pétrole dans l’Oise, un seul à Coye : celui de Monsieur Dacauville, lui-même constructeur et qui lancera en 1900 la « voiturelle » un nouveau modèle qui peut se mettre en route directement du siège du conducteur !
De 1944 à 1949, de nombreux enfants, victimes de la guerre, furent accueillis par roulement, de 100 à 150, d’abord à l’Hermitage, puis aux Tilles.
En 1949, un événement important intervient, il s’agit de la remise officielle à la Préfecture de la Seine, par l’Ambassadeur de Suède en France, Monsieur Wersman, des châteaux des Tilles et de l’Hermitage, en présence de Monsieur Verlomme, Préfet de la Seine et Monsieur Massiani, président du Conseil Général.
Le troisième château, Forest-Lodge, fut acquis en 1952.